Ondine

Pierre Charpin
Ondine
2023

aluminium anodised

Edition
Il Tornitore Matto Alessi

Project assistants
Aurélie Vial

Photo credit
Yann Esteve

Text

As a designer, I am much interested in generic functions and their corresponding object type. Containers doubtlessly belong to this group. Had I been endowed with a collector’s spirit, I would definitely collect containers and boxes. They possess the magic of never fully revealing on the outside what they contain on the inside, except when made of a transparent material, which makes them much less attractive and less interesting. Even when there is written in capital letters SUGAR, FLOUR or BISCUITS, we might open them to find a bunch of nuts, bolts and screws, or many colours of sewing thread, or who knows what else.

Around 20 years ago in Paris, I visited an unforgettable exhibition at Musée Guimet about furniture and objects from the Ming dynasty period. I was struck by how they could be divided into four categories. There were screens for the partitioning and structuring of space. There was seating: chairs, stools and armchairs. There were platforms”, meaning large horizontal planes like beds, couches, tables and desks. And then there were containers: large and small, chests, cabinets, wardrobes. As I exited the exhibition, for a moment I imagined a new life’s calling for myself: Ming designer tasked with conceiving receptacles of all types.

When Alberto Alessi and Giulio Iacchetti invited me to participate in the project Il Tornitore Matto, they not only specified the technique to use, but also mentioned the idea to design objects that could contain things, and I immediately thought of boxes. Boxes in the shape of rotating solids, perfectly suited to the lathe. 

My first proposal was quite broad, a family of containers, all equipped with one or two other elements that would have a double role as a vessel or cover. After we discussed this, we kept a small box made up of three parts and a medium bowl topped with a plate-like cover.

As I drew them, I wished to emphasise the precision offered by spin-forming with a lathe – for instance the exact interlocking of the object’s constituent parts. This is also why the designs contain horizontal ribbing, which is an expression of accuracy that is either given by the artisan’ arm or a numerically controlled tool as the metal is forced onto the solid shape to create the object’s volume. The ribbing distinguishes it from an item made using the press-forming technique, giving it a finely wrought look that is less smooth, more sophisticated. 

The matrix is a solid, so the shape realised upon it generates a void without a specific designation. The vessel is ready to receive the things that our rationality tells us to pick up in order to make the space surrounding us more fluid and agreeable to live in. These might be small items of affection or intimate keepsakes that we want to protect, hide and save for ourselves like tiny secrets buried deep within our soul.

Pierre Charpin, March 2023

En tant que designer, j’ai un grand intérêt pour les ‘’fonctions génériques’’ et les typologies qui y répondent. Les boites en font indiscutablement partie. Si j’étais habité par l’esprit du collectionneur, je collectionnerais sans aucun doute des boites. Elles ont cette ‘’magie’’ de ne jamais tout à fait révéler de l’extérieur ce qu’elles contiennent, sauf lorsqu’elles sont constituées d’une matière transparente, ce qui les rend beaucoup moins attractives et intéressantes. Même lorsqu’il est écrit dessus en lettres majuscules SUCRE, FARINE ou BISCUITS, il est possible qu’on y trouve en l’ouvrant, un tas de boulons et de vis, de fils à coudre de toutes les couleurs ou je ne sais quoi encore.

Je me souviens avoir visité, il y a environ 20 ans, une inoubliable exposition au musée Guimet de Paris sur les meubles et objets de la période Ming. J’avais été frappé par le fait que leur système d’objets pouvait se résumer à quatre grandes catégories : Les paravents : qui permettent de diviser et structurer l’espace. Les sièges : chaises, tabourets, fauteuils. Les ‘’plateformes’’ ou les plans horizontaux tels que les lits, bancs, tables, consoles. Et les boites : petites ou grandes, coffres, cabinets, armoires. En sortant de cette exposition je m’étais imaginé un instant, comme une sorte de nouvel idéal de vie, comme Designer Ming affecté à la conception de boites en tout genre.

Lorsque Alberto Alessi et Giulio Iachetti m’ont contacté pour m’inviter à prendre part au projet ‘’Il Tornitore Matto’’ et qu’ils mentionnaient, au-delà de la spécificité de la technique à utiliser, l’idée de concevoir des objets contenants, j’ai tout de suite pensé aux boites. Boites sous forme de solide de révolution, parfaitement adapté à la technique du tour.

Ma première proposition était assez large, elle constituait une famille d’objets contenants, tous dotés d’un ou deux autres éléments faisant office de double contenant ou de couvercle. Après discussion, nous avons retenu la petite boite faite de trois parties, et la moyenne, constituée d’un bol surmonté d’une assiette-couvercle. 

En les dessinant, je voulais mettre en évidence la précision qu’offre la technique du repoussage au tour. Par exemple, dans la justesse d’emboitement des parties qui constituent l’objet. C’est aussi dans ce sens que sont apparu dans le dessin de chaque objet les cannelures horizontales. Expression de précision et évocation de l’outil qui par la force du bras de l’artisan ou de l’outil numérique, repousse la matière sur la matrice pour en épouser la forme et créer ainsi le volume de l’objet. Ces cannelures, qui particularisent la forme obtenue par la technique du repoussage au tour, et la distingue ainsi d’une forme qui aurait été obtenue par emboutissage, donne à l’objet un aspect plus ouvragée, moins lisse, plus sophistiqué. 

La matrice est un plein, qui une fois que la forme a été réalisée par son intermédiaire, génère un vide. Un vide sans affectation précise, prêt à recevoir les choses que notre rationalité nous ordonne de ranger pour rendre l’espace qui nous environne plus fluide et plus agréable à habiter, ou toutes ces petites choses affectives et intimes que nous voulons précieusement protéger et cacher, garder pour nous-même comme les petits secrets que nous enfouissons au plus profond de nos êtres. 

Pierre Charpin, Mars 2023

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