8½ collection

Pierre Charpin
8½ collection
2009

Limited edition and exhibition
Galerie kreo, Paris

Project assistant
Joachim Jirou-Najou

Photo credit
Fabrice Gousset

Text

While it is true that I often like to work in series, I also take care to avoid being trapped in a system, a formula, becoming repetitive, doubtless to stave off boredom for my own sake and spare those who follow the progress of my work from boredom also. So for this new exhibition, I have deliberately aimed for a collection of eight pieces that are all different from one another. In fact, I have the impression that I have designed a collection of things rather than a collection of objects.

I am not necessarily trying to outline the distinction between what defines an object and what defines a thing, but I tend to think that objects fulfil functions, while things propose uses, that functions are to be used but uses can be imagined, that objects have a precise definition, while the definition of things remains more or less vague, out of focus, and always depends on the appreciation of the person involved. We could consider the things I have designed for this exhibition to be the materialisation of thoughts, objects for meditation, like suggestions, objects open to interpretation. We could consider these things as literal objects, concise expressions of three-dimensional shapes, like presences that are austere and sensual, intense and stimulating. Or we could take these things to be beautiful objects, objects of a glittering, transcending beauty. It is the extremely shiny surface and the lustre of the material of one thing that absorbs our attention, stimulates our perception and encourages us to touch it. The repetition of the material, lacquered plaques of aluminium creates the kinetic vibration that attracts us to another. The emptiness created by the design of the base of another, the empty space for no particular purpose enables the compact, colourful volume to levitate. The way a mural parabola is dimensioned creates a contour, a shape, a shade and gives the light depth in another. With another, we are intrigued by the shape of the suspension in terms of its stability, materiality, and use. Another gives the impression of being in the presence of an object that is perhaps unfinished through the visible assembly instructions, the soldering lines that enable the volume to be built, the memory of an action past. Another, through the action of an articulated and off-kilter arm creates a play on light and shadow with a gesture of extreme simplicity, without the use of abstract or sophisticated technology.

More than ever, I feel I am taken up in a movement that is to be found and proven in moving forward, a movement where the design of a thing is dependent on the design of the following thing, where it is more and more difficult for me to express why, only how, where it is more and more difficult to understand how these things can happen, find their place in the complexity and panorama of our contemporary landscape. More than ever, when asked why I design, I can only answer by designing, I can only answer by satisfying, even provisionally, my overpowering desire to design things. And the galerie Kreo has, yet again, offered me the perfect sounding board for the concretisation, materialisation and exhibition of these different things.

Pierre Charpin, November 2008

S’il est vrai que j’aime souvent procéder par séries, je suis aussi attentif à ne pas tomber dans un système, dans une formule, dans la répétition, sans doute pour me garder de l’ennui et épargner l’ennui de ceux qui suivent avec intérêt l’évolution de mon travail. 

Ainsi, pour cette nouvelle exposition, j’ai délibérément cherché à dessiner un ensemble de 8 pièces toutes différentes les unes des autres.
En fait, plus qu’un ensemble d’objets, j’ai le sentiment d’avoir d’avantage dessiné un ensemble de choses.

Si je ne cherche pas précisément à situer la distinction entre ce qui définit un objet et ce qui définit une chose, cela me convient de penser que les objets répondent à des fonctions, alors que les choses proposent des usages, que les fonctions sont à utiliser, alors que les usages sont à imaginer, que les objets ont une définition précise, tandis que la définition des choses, elle, reste toujours plus ou moins vague, floue, et toujours dépendante de l’appréciation de celui ou celle qui s’y confronte. 

On peut considérer les choses que j’ai dessinées pour cette exposition comme des matérialisations de pensées, des objets de méditation, comme des suggestions, des objets disponibles à l’interprétation. On peut considérer ces choses comme des objets littéraux, des expressions concises de formes tridimensionnelles, comme des présences à la fois austères et sensuelles, des présences intenses et stimulantes. Ou considérer ces choses, comme de beaux objets, des objets d’une beauté étincelante, d’une beauté transcendante.

Dans telle chose, c’est la surface extrêmement brillante et le lustre du matériau qui absorbe notre attention, stimule notre perception et nous invite au toucher. Dans telle autre, c’est l’agencement répétitif du matériau, des plaques d’aluminium laquées, qui créé une vibration cinétique et nous incite au déplacement. Dans telle autre, c’est le vide crée par le dessin de sa base, espace laissé vacant, sans affectation précise, qui permet à un volume compact et coloré de léviter. Dans telle autre, c’est le dimensionnement d’une parabole murale, qui éclairé, donne un contour, une forme, une teinte, une profondeur à la lumière. Dans telle autre, c’est la forme en suspension qui intrigue quant à sa stabilité, quant à sa matérialité, quant à son usage. Dans telle autre, c’est la présence visible du mode d’assemblage, les soudures qui ont permis la construction du volume, mémoire d’une action passée, qui donne le sentiment d’être en présence d’un objet peut être encore inachevé. Dans telle autre encore, c’est l’action d’un bras articulé et désaxé qui permet de moduler et d’entrer dans un jeu d’ombre et de lumière, par un geste d’une extrême simplicité, sans le recours à une technologie abstraite, sophistiquée.

Plus que jamais, j’ai le sentiment d’être pris dans un mouvement qui se trouve et se prouve en avançant, un mouvement ou le dessin d’une chose est suspendu au dessin de la suivante, où il m’est de plus en plus difficile, d’exprimer le pourquoi, mais seulement le comment, de plus en plus difficile de comprendre comment ces choses peuvent prendre place, s’inscrire, dans la complexité et le panorama de notre paysage contemporain. 

Plus que jamais, à la question de pourquoi je dessine, je ne peux répondre qu’en dessinant, je ne peux répondre qu’en assouvissant, même provisoirement, mon irrépressible envie de dessiner des choses. Et la galerie Kreo m’offre une nouvelle fois la parfaite boîte de résonance, pour la concrétisation, la matérialisation, l’exposition de ces différentes choses.

Pierre Charpin, Novembre 2008

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